D’un dispositif mécanique basique, qui se contentait de chauffer un liquide aromatisé pour le transformer en vape, la cigarette électronique emprunte le même chemin que le smartphone : elle se barde de fonctionnalités, varie les designs et, surtout, devient « smart ».
Les tentatives fantaisistes de faire de l’e-cigarette un objet High Tech
L’industrie de la cigarette électronique n’a jamais vraiment caché son ambition de transformer la vapoteuse en un objet high tech. La multiplication des laboratoires de R&D n’ont toutefois pas encore abouti à cette innovation disruptive… et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Certaines jeunes pousses y ont même laissé leur peau. C’est le cas de la startup américaine Vaporcade, qui avait fait une incursion remarquée dans le Consumer Electronics Show, édition 2016. L’entreprise a en effet inventé le Jupiter IO, un smartphone qui fait également cigarette électronique. Bien que l’engouement médiatique était au rendez-vous, cette création un peu fantaisiste n’a pas fait beaucoup d’aficionados. Résultat des courses : Vaporcade dépose le bilan. Il faut dire que le smartphone n’était pas compatible avec la 4G, et la fonctionnalité de vapotage était saccadée, avec des à-coups assez désagréables.
Quelques années plus tard, c’est la startup française Enovap qui tente une nouvelle percée en dehors des sentiers battus, avec une approche cette fois-ci beaucoup plus réfléchie : comment faire en sorte de transformer la cigarette électronique en un réel outil de sevrage tabagique.
Enovap lance le concept d’e-cigarette smart, Juul en embuscade
Créée en 2015 par des étudiants ingénieurs de l’Ecole centrale d’électronique, Enovap s’emploie, depuis son siège social à Rosières prés Troyes (Aube, dans le Grand Est), à insuffler de l’Intelligence Artificielle dans l’univers de la cigarette électronique. Lauréate de la Médaille d’or au concours Lépine et du concours I-Lab organisé par la Banque Publique d’Investissement, Enovap a œuvré de concert avec des tabacologues pour créer la vapoteuse Enovap, une cigarette électronique « connectée et intelligente » qui brille par deux innovations :
- Elle embarque un algorithme automatisant le contrôle nicotinique ;
- Elle est dotée de deux réservoirs d’e-liquide.
Son principe de fonctionnement est confondant de simplicité. Le premier réservoir contient un e-liquide avec une certaine concentration en nicotine, l’autre contenant un e-liquide à 0 % de nicotine. S’imprégnant des habitudes de consommation de l’utilisateur (horaires, nombre de bouffées, intensité…), la cigarette électronique intelligente va lui délivrer une vape plus ou moins concentrée en nicotine. La concentration en cette substance addictive est dégressive sur le moyen-terme, ce qui permet à l’utilisateur de baisser très progressivement son apport nicotinique, souvent s’en rendre compte, pour un sevrage tabagique doux mais durable.
Cette innovation n’a pas manqué d’attiser la convoitise des grands noms du vapotage comme Juul, leader mondial. C’est donc dans la foulée que le fabricant américain a annoncé travaille sur un nouveau dispositif de vapotage basé sur l’IA pour « aider les utilisateurs à arrêter la nicotine en limitant leur consommation quotidienne et en les sevrant progressivement à cette substance ». L’avenir de la cigarette électronique semble désormais porté par l’innovation au service de la santé publique.
E-cigarette : certains acteurs français de la santé font évoluer leur position
L’Académie nationale de médecine prône aujourd’hui une politique du « moindre mal ». Les « Sages » expliquent en effet qu’au vu de sa composition chimique qui ne contient pas de goudron, de monoxyde de carbone et d’autres substances toxiques, la cigarette électronique est factuellement moins dangereuse que la cigarette à tabac. Il faut toutefois bien saisir la nuance : la cigarette électronique est nocive pour la santé… mais elle l’est moins que la cigarette à tabac. L’idée est donc de miser sur la cigarette électronique le temps de réussir son sevrage, puis d’arrêter définitivement toute inhalation de nicotine.
De son côté, Santé publique France rappelle que la cigarette électronique a permis à plus de 700 000 fumeurs français de décrocher définitivement. Enfin, et pour outiller les fumeurs et les aider à choisir leurs dispositifs de vapotage, l’Agence nationale de sécurité des aliments, du travail et de l’environnement (ANSES) a mis au point une base de données gratuite et ouverte à tous recensant la composition chimique de tous les e-liquides commercialisés en France. Vous pourrez voir tous les modèles d’e-cig disponibles sur Vapoclope ici.